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Blog d'information générale sur l'actualité au Burkina Faso

vendredi 29 février 2008

Qu'avons nous fait à nos politiciens

La négation des efforts communs

Certains ont pris la mauvaise habitude de se glorifier de la stabilité de ce pays comme si cela était de leur fait. Non la stabilité n’est ni le fait d’un individu ni un don du ciel. Bien au contraire, elle est le résultat des efforts de compréhension et de recherches des solutions apaisées de tous les citoyens burkinabé. Ce peuple « bon encaisseur », pour emprunter aux fanas de la boxe. Il faut noter qu’ailleurs, l’augmentation du prix du pain de cinq (5)francs CFA a provoqué de violentes émeutes tandis qu’au Faso deux augmentations en l’espace d’un trimestre ont été docilement acceptées. C’est connu, les deux refrains les plus chantés chez nous sont :  « c’est comme ça, comment on va faire ? » et « ça va aller ! ». Il est difficile de trouver un peuple aussi docile que celui-là. Mais la grandiloquence s’est définitivement enracinée chez nos décideurs et hommes politiques, à l’encontre de ceux qui leur rendent la vie facile. Qu’ils soient de l’opposition ou de la majorité, ces hyper-diplômés confirment que les bourses d’étude servies dans ce pays n’ont pas toutes été opportunes. Certains, du simple fait qu’ils sont instruits, vont jusqu’à penser que leur voix devrait compter plus que celles des paysans. Pendant que le pays va mal, nous sommes gaver de déclarations pompeuses.
C’est dans cette ambiance qu’arrive Tertus Zongo. Il forme un gouvernement « d’intellectuels de haut vol ». Mais moins d’un an après, il faut se rendre à l’évidence, cette équipe de rhétoriciens ne nous mènera nulle part. La « mal cause » est la chose la mieux partagée dans leur milieu. La suffisance et le fait de voir leurs concitoyens d’en haut sont désormais leurs pratiques favorites. Dans ce pays on nous informait par voie de presse des augmentations des prix de carburants ou du pain. Ces temps sont révolus. Désormais on met le citoyen face à la réalité, advienne que pourra. Communiquer, dialoguer, c’est perdre du temps pour nos dirigeants. Plus personne ne remue sa langue sept fois avant de parler, comme on nous l’a conseillé au cours moyen. Des sornettes sont vomies à longueurs de journée par des gens qu’on nous disait dotés de bon sens. Celui qui n’est pas content est un aigri. Mais si ce raccourci suffisait, on devrait pas être là à « réfléchir », à « chercher des voies et moyens », à « voir comment faire ». Le budget de ce pays peut quand même supporter l’achat d’un litre de potasse à chacun de ces quelques aigris. Non, soyons sérieux ! N’abusons pas de nos positions privilégiés de lettrés et de citadins. Ce pays appartient à tout le monde. Aussi bien à ceux qui l’habitent qu’à tous ceux qui l’aiment. C’est de leurs efforts conjugués qu’il tire sa force. Il est temps que l’on mette fin à cette partie de grand-guignol.

Le règne du bêtisier

Son Excellence Monsieur le Président du Faso, quand il ne dit pas qu’il paie les médecins, il trouve que des gens qui marchent en jeans ne peuvent pas avoir des compétences. Selon lui les Burkinabé sont des grincheux quand ils se plaignent des ponts qui s’écroulent alors que cela arrive même aux Etats Unis. Les Etats Unis peuvent aller à la lune pendant que nous nous peinons à nourrir une quinzaine de millions d’habitants. Le pauvre ne tergiverse pas. Il aime ce qui est durable afin de pouvoir investir ailleurs. Son Excellence appréhende mal les plaintes contre les richesses spontanées oubliant qu’un fonctionnaire burkinabé milliardaire est forcement un voleur.
La dernière grande foire c’est-à-dire la Journée Nationale du Paysans (JNP) a été révélatrice du manque de sérieux de ceux qui doivent canaliser les énergies pour le développement de ce pays. A la demande de ce commerçant de fermer la frontière au sucre importé, le Président rétorque que si on se met dans cette logique, certains demanderont de fermer les frontières à la banane etc. Non Excellence ! Nous produisons combien de tonnes de bananes pour que vous puissiez comparer ça au sucre ? Fait gravissime, le Président après avoir cherché un autre produit en vain, demande : Nous avons quoi d’autre ?. Notre Président ne sait pas ce que nous produisons. Ce n’est pas étonnant, Paul Biya a 22 ans de pouvoir et il ne connaît plus tous ses ministres. Comprenons qu’après 20 ans de pouvoir notre Président ne s’embarrasse pas de ce que nous produisons. Il peut se payer ses plats au « Fouquet » à Paris.
A cette même journée nos braves apiculteurs demandent au gouvernement de les aider à vendre leur miel en Europe. Comme réponse, le ministre du commerce dit avoir contacté l’ambassade de la France au Burkina qui naturellement a dit ne pas s’occuper de ces genres de choses. Alors on informe nos ambassades à Paris et à Bruxelles pour trouver des solutions. Nos paysans n’ont pas demandé la France. Ils sont au courant de la réalité « Europe ».Pourquoi le ministre s’efforce-t-il à les envoyer vers la France pendant que l’Union Européenne à une représentation sur Kwamé NKrumah ? Et même s’il était persona non grata la-bas, la France n’a pas supprimé son ministère du commerce à ce que l’on sache. Notre ministre aurait-il peur de son homologue français? Question.
Bien avant cette journée, il y a eu cette affaire du DG des douanes. Le ministre garde de sceaux l’a fait libérer parce qu’il n’est pas n’importe qui. Monsieur le ministre qui est n’importe qui? Et depuis quand quelqu’un qui n’est n’importe qui fait-il n’importe quoi ? Même quand on a un penchant pour l’oligarchie, il faut respecter les textes fondamentaux de ce pays qui disent quelque part que nous naissons tous égaux en droit. Qui est ministre, DG, SG, Député, et tout le reste ? Portrait robot : c’est généralement quelqu’un qui vient d’un village non visible sur la carte du Burkina, qui dans son enfance avait parfois un repas chaque 2 jours et dont les études ont été entièrement payées (du CP1 au doctorat) par la sueur et le sang de braves paysans (seuls à payer l’impôt à l’époque). Aujourd’hui installé dans un fauteuil confortable, il leur rend la vie impossible. C’est ça un « grand type » dans l’avant dernier pays du monde !
Un brillant prof à l’Université de Ouagadougou devenu ministre de l’emploi aujourd’hui, joue à d’impresario avec des qualités laudatives difficilement égalables au lieu de créer de l’emploi. Certains ont essayer d’expliquer que faire de la musique c’est aussi travailler. Ils n’y étaient pas du tout ! Car cela n’est plus un secret pour personne, même pour la fourmis de la fable de La Fontaine. Nos musiciens souffrent aujourd’hui parce que malgré la flopée de manifestations culturelles, notre industrie culturelle est toujours embryonnaire. Le montant des contrats faramineux des artistes invités (étrangers), aurait pu aider nos jeunes entrepreneurs culturels qui se démènent comme de beaux diables pour un « développement culturel », étape capitale avant de parler de « pays de culture ». Cela aurait empêché Filippe Savadogo, appelé en renfort au chevet de notre culture rampante, de partager des fleurs le 14 février (St Valentin) à Laongo. Il est à craindre le ministre de la culture ne se soit « francisé » avec le temps. Ce pays est certainement celui de Pascal, mais il est aussi celui de Malick et surtout celui de Tiraogo, Yempabou, Dofinita, Hôhô…, donc laïque. Alors comment peut-on utiliser l’argent public pour célébrer saint machin truc. Quel est l’apport de ce geste pour notre culture ? Le ministre s’est-il résigné à subir l’envahissement culturel chinois ? Sérieusement, l’argent utilisé pour acheter ces chinoiseries aurait pu servir à payer le manquant des pécules,(20 000 Fcfa) injustement retenus au mois de janvier, aux étudiants du Centre de Formation des Professionnels de l’Information (CFPI). Le messie annoncé pour notre culture tarde à faire ses miracles.
Quand Gilbert, ex-chef de file de l’opposition, a soutenu Blaise Compaoré contre toute logique, on a compris qu’il savait défendre ses « intérêts ». Mais « ce qui fait mal dans cette histoire », pour parler comme un maire en difficulté avec la Cours des Comptes, c’est cet acharnement à envahir notre télé nationale pour nous expliquer des historiettes. Un homme, fut-il avocat, président de parti même devenu ministre reste un homme.. L’ascension politique ne fait pas de lui un génie. Quand il voyage, semble-t-il, il est félicité partout. Combien d’années lui reste-t-il pour passer du statut du « fils » à Gilbert l’adulte pour arrêter de se voir dans le miroir des autres. Sans remettre en cause les capacités intellectuelles du Président du Faso, tout porte à croire qu’il n’est pas « l’auteur exclusif» du fameux « progrès continu pour une société d’espérance ». Si Me Gilbert le crois, il est temps qu’il quitte notre gouvernement. Aussi, il nous sera d’un grand secours le jour où il commencera à nous citer les présidents qui ont fait vingt ans au pouvoir et dont le pays s’est bien porté par la suite.
Depuis un moment, le cyclothymique Cyrille Goungounga et le « chat noir du Nayala » (aux pratiques nocturnes) ont commencé un spectacle digne des ambiances foraines en milieu gitans. Entre relecture de la constitution et assises nationales politiques, la foire bat son plein. Si ce n’est à cause de la tolérance hors norme des Burkinabé, ces politiciens d’un autre acabit aurait dû se tenir loin du contenu de notre constitution et de la scène politique.

L’heure de la désillusion

Son Excellence le Premier Ministre nous avait trouvé sa dream team. Mais ces stars, à l’épreuve du temps, perdent leur brillance. Car désigner la même réalité par trois synonymes, servir des envolées lyriques ne soulagerons pas les peines des Burkinabé. Les actions spectaculaires qui consistent à traquer les véhicules fonds rouges en ville ont leurs limites. Car rien n’empêche un DG de faire un ordre de mission ou d’utiliser le carburant de l’Etat dans son véhicule personnel. Aussi les baisses de prix à l’ONATEL nous confirment que des mensonges immenses ont étés dits dans ce pays. Et ça continue !! Des politiciens scientifiques, travaillant dans les laboratoires du dernier pays stable de la planète (quel crédit ?), s’attèlent à refaire l’histoire du pays (jeunes historiens) et de convaincre du bien fondés des OGM. Mêmes si en plus de vos diplômes vous jetez des cauris, sachez messieurs que vous êtes mal placés pour parler de ces choses là.
L’inconséquence à ses conséquences. Le fait que des commerçants manifestent contre la « vie chère » suscite des questionnements au sein du gouvernement. N’oublions pas que ces gens qui soutiennent les campagnes politiques à coût de fortunes colossales, le font espérant en contre partie des exonérations frauduleuses. Sinon que vaut la conviction d’un militant qui n’entre en jeu que pour prendre en charge les frais de meeting pendant les campagnes électorales. C’est donc normal que la fin brusque de la récréation fasse des mécontents. Notre gouvernement peut-il aujourd’hui Taper du point sur la table face à ses électeurs de premier choix ? Ce serait se faire hara-kiri.
Une chose est claire, le peuple jadis « encaisseur » est en colère. Malgré le point de presse du 27 et l’annulation, par les organisateurs, de la manifestation du 28 février contre « la vie chère », des « groupuscules » sont quand même sortis troubler l’ordre public. Cela donne une idée de ce qui pourrait advenir si des « groupes » sortaient. Bien sur que cela n’arrange personne. Mais il faut avoir à l’esprit que le Kenya faisait partie des pays les plus stables il n’y a pas si longtemps. Dommage que la colère ait provoqué autant de casses. Car nous reconstruirons coûte que coûte. Ceux qui cassent doivent savoir que des prêts contractés pour réparer ce qu’ils auront cassé serviront à autre chose. En plus de rembourser ces prêts, ils payeront des taxes fantoches pour réparer leurs dégâts. Ces gens qui prennent l’argent japonais et libyen, au nom du peuple, pour construire des échangeurs n’ont d’yeux que pour le prestige. Eux et nous n’avons pas les mêmes priorités. Il faut être aveugle pour ne pas le voir. Il nous l’ont montrer à plusieurs reprises de la manière la plus ostentatoire possible.
Point positifs cependant ! Le retour de l’humilité. Le coup d’envoi de la course à la concertation de tous les acteurs sociaux a été donnée par la saute d’humeur contre la « vie chère ». Même si c’est regrettable que le Faso avance par a-coups.
Les statuts de Blaise et Khadafi terrassées, signe que le peuple reste vigilent. Saddam Hussein, Mobutu, Eyadéma et tous ces Présidents qui ont érigé leur effigie ont fini par traumatiser leur concitoyens. Ce signe extérieur du culte de la personnalité en disait long sur les intentions de certaines personnes.
Chers ministres qui « pliez » sous les diplômes, diriger ce n’est pas faire « le malin ». Vous êtes dans le gouvernement d’un des pays les plus pauvres au monde. Ouagadougou est l’une des capitales les plus petites, sinon la moins peuplée de la sous région. Quarante mille étudiants, c’est également l’un des taux les plus faible en Afrique de l’Ouest. Nous payons l’eau et l’électricité les plus chères au mondes avec les salaires les plus faibles. Intégrez ces données, réfléchissez et proposez nous quelque chose de potable et de durable. Nous sommes repus des formules telles : « c’est un peu partout pareil » « nous ne sommes pas les seuls… », « ce n’est pas propre au Burkina… ». N’oubliez pas que le stock de céréales de sécurité qui sort généralement dans la période de soudure (août, septembre) est dehors, malgré « l’excédent céréalier », depuis octobre. Alors prévoyez quelque chose dans les six mois à venir. Trouvez nous des solutions propres à nos problèmes. Tout anciens boursier de ce pays reste redevable, sauf ingratitude, à ces paysans qui ont fait de lui ce qu’il est.


David Sanon
11 BP 1740 Ouagadougou CMS 11
dubawe@gmail.com

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