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Blog d'information générale sur l'actualité au Burkina Faso

mardi 22 janvier 2008

Monnaie, bureaucratie et aliénation

Inexacts. Incohérents. Graves. Choquants.
Dans la longue interview publiée en 2 parties les 9 et 10 janvier 2008 par le quotidien gouvernemental ivoirien Fraternité Matin, Charles Konan Banny, ancien Gouverneur de la BCEAO et ancien Premier ministre de Côte d’Ivoire, a fait une sortie profondément blessante et outrageante pour les populations de l’Uemoa !
Je n’aurais pas lu le dixième d’une telle interview si ce n’était pas celle de M. Banny. Car l’homme n’est pas seulement un ancien Premier ministre de Côte d’Ivoire. Il est aussi celui qui a 15 ans durant, dirigé l’Institution communautaire la plus importante de l’Uemoa. Il a gouverné un domaine vital des pays de l’Uemoa pendant 15 ans: la monnaie et la finance. Le Gouverneur de la Bceao, c’est plus qu’un super ministre des finances de l’Uemoa, plus qu’un super Premier ministre de toute l’Uemoa, plus que tout cela. Et sur beaucoup de questions essentielles, il est plus puissant que les Chefs d’Etat de ces pays.
C’est considérant cela, que je me suis infligé la torture de lire, et même de relire à plusieurs reprises l’intégralité de la vingtaine de pages format A4 de cette interview. C’est également pour cela que je ne peux me contenter des coups de colères et des critiques partagés avec quelques amis. Je me sens le devoir citoyen d’écrire ces quelques commentaires en espérant les partager avec le maximum de compatriotes Africains. Mais aussi pour me sentir mieux car un tel texte peut rendre malade. Mais en quoi l’interview de M. Banny est-il incriminable ?

Les imprécisions et inexactitudes de M. le Gouverneur
D’abord quelques observations qui peuvent paraitre tenir du détail mais qui au fond sont révélatrices de choses graves.
Question des journalistes : « Entre économiste et monétariste, qui est le mieux outillé pour diriger une Banque centrale comme la nôtre? ». Réponse de l’ex-Gouverneur : « J'aime à dire, sans sourciller, que les compétences techniques sont déjà là; parce que nous avons formé des gens. On ne demandera pas au Gouverneur de la Banque centrale d'être le meilleur monétariste -je ne sais même pas s'il y en a, tout est relatif. On ne lui demandera pas non plus d'être un prix Nobel en économie ».
Non seulement l’ex-Gouverneur ne corrige pas la confusion sous-jacente dans cette question, entre un monétariste et un spécialiste des questions monétaires, mais il semble ne pas lui-même faire la différence. D’abord, un monétariste est un économiste rattaché au courant de pensée qu’est le monétarisme et, dont le principal penseur est Milton Friedman. Joseph Stiglitz est un éminent spécialiste des questions monétaires et financières mais il n’est pas monétariste. Le monétariste est un économiste avec une conception particulière de la monnaie et de la politique monétaire. La confusion dans la question revient à dire par exemple: entre un socialiste et un politicien qui est le plus apte à diriger un pays? Ce n’est pas pinailler que de préciser cela. C’est une confusion grave qui peut faire bondir n’importe quel étudiant en année de maitrise de sciences économiques. Les B A BA de la pensée économique sont ici ignorés. Et que notre ex-Gouverneur ne rectifie pas, pire s’engouffre dans cette ignorance, est très grave.
Ensuite, l’ex-Gouverneur « sans sourciller » balaie du revers de la main, la question des compétences techniques. Quand on sait combien larges sont les domaines de recherche d’importance essentielle sur lesquelles la Bceao a à combler son manque de savoir, on ne peut pas comprendre une telle attitude. C’est connu de toute la communauté scientifique spécialisée que la recherche scientifique à la Bceao pour comprendre et éclairer la politique monétaire, est insignifiante par rapport aux défis. A la Bceao «il existe incontestablement un déficit de réflexion endogène sur le rôle et les missions d’une banque centrale». Ce n’est pas moi qui le dis mais un ancien chercheur de la Bceao, M. Kako K. Nubukpo (2007). Ceci étant, il faut préciser que cela tient à l’insuffisance des ressources humaines de rang scientifique mais aussi à la façon dont sont employés des économistes compétents qui sont déjà à la Banque.

L’ex-Gouverneur est difficile à suivre quand il se vante d’une bonne politique de formation. Car une politique de formation ne s’évalue pas en citant quelques noms d’anciens fonctionnaires à la Bceao.
Avec ses immenses ressources financières oisives et ses larges domaines de recherche à couvrir et à approfondir, combien de bourses de thèse la Bceao a-t-elle distribuées pour soutenir la production scientifique en matière monétaire et financière? Combien de docteurs ont été formés par la Bceao ? Combien de centre de recherche en Afrique ont été soutenus par la Bceao ? Je parle de recherche scientifique, une activité essentielle pour toute Banque centrale crédible. Je ne parle pas de formation de cadres de banque, forts utiles c’est vrai, mais non destinés à l’évaluation de l’efficacité théorique et empirique, à la compréhension pointue et à la conception de la politique monétaire. Combien de rencontres à caractère scientifique la Bceao a-t-elle organisées pour renforcer l’efficacité de sa politique? Je parle de colloques scientifiques et non des nombreux séminaires de vulgarisation bien arrosés. En cela, le diagnostic d’un ancien chercheur de la Bceao est très éloquent : « incontestablement un déficit de réflexion endogène ».

Je ne m’attarde pas sur le fait qu’en l’espace d’une interview, notre ex-Gouverneur affirme être entré en politique tantôt à 16 ans, tantôt à 17 ans. Un détail peut être. Même si cela traduit le manque de précision de quelqu’un qui est supposé sacraliser la précision. Je ne vais pas non plus me couper les cheveux en quatre en tenant rigueur à notre ex-Gouverneur quand il dit : « Ces dispositions indiquent, depuis les années 60, que 65% de nos réserves de changes sont déposés auprès du Trésor français ». Mais rectifions tout de même. Ce n’est pas depuis les années 60. Dans les années 1960, ce n’était pas 65% mais 100% de nos réserves qui étaient déposés au Trésor Public français. Ce n’est qu’avec la signature de nouveaux accords en 1973 que ce taux est passé à 65%. Pour qui connait l’exactitude d’un bon banquier, pour qui sait combien est mesuré un gouverneur de banque centrale, on ne peut qu’être interrogatif.
Toujours des détails pensez-vous ? Soit.

Les salaires sont trop élevés en Afrique.
La solution préconisée par M. Banny pour améliorer la compétitivité des économies ouest-africaines contient quelque chose de malsain et d’injurieux quand il déclare ceci : « Jouons sur les coûts salariaux par exemple, qui sont relativement élevés en Afrique ». Y’a de quoi tomber à la renverse. Les journalistes de Fraternité Matin ont dû écarquiller les yeux en lui rétorquant « En Afrique ? » et M. Banny renchérit : « Ah oui ! Même si les salaires nominaux sont relativement faibles !» D’abord, «si les salaires nominaux sont relativement faibles» quelle autre grandeur salariale pourrait être élevée? En science économique quand on parle d’une variable nominale c’est pour la distinguer d’une variable réelle. Les salaires réels seraient-ils élevés? Les salaires nominaux sont les salaires en valeur monétaire compte non tenu de l’influence des prix. Une fois ces salaires déflatés de l’influence des prix, on obtient les salaires réels. Si les salaires nominaux sont faibles, les salaires réels le sont nécessairement davantage à moins que nous soyons dans un environnement de baisse de prix. Tout le monde peut témoigner de l’extraordinaire baisse des prix ces dernières années dans les pays de l’Uemoa. Non. Ça ne tient pas un seul instant. Et si c’est dans la perspective d’une comparaison internationale des salaires, par exemple avec l’Asie, j’attends les chiffres. Et on peut se demander quelle conception misérabiliste pour ne pas dire esclavagiste existe derrière cette déclaration ? Mais, c’est surtout ignorer par ailleurs, combien chaque année notre continent perd en ressources humaines parce que les rémunérations proposées sont loin de satisfaire les besoins de base. Combien de médecins et d’infirmiers formés sur le continent exercent aujourd’hui hors d’Afrique ? Il y’a plus de médecins Béninois en France qu’au Bénin qui a d’énormes problèmes de santé publique.
Juger que les salaires sont élevés dans les pays de l’Uemoa, c’est méconnaitre gravement la réalité des salariés de ces pays et même l’actualité syndicale et sociale de l’Uemoa. Que cela vienne de celui qui a été pendant 15 ans le fonctionnaire le mieux payé de l’Uemoa, on ne peut que penser à une blague au mieux. Car, M. Banny ne juge certainement pas que son propre salaire soit trop élevé. Sérieusement, il y’a du mépris pour tous ceux qui peinent à arrondir leur fin du mois dans des pays où tout est devenu payant. Et ces salariés sont largement privilégiés par rapport à la grande majorité qui n’a pratiquement accès à rien. Sans doute que le salaire de M. Banny était trop élevé. Je fais même le pari qu’il a un niveau de vie comparable sinon plus élevé à celui de son très honorable voisin d’un jour : Alen Greenspan (voir plus loin). Quand on sait combien dans ces hautes institutions africaines on réclame un alignement sur les grilles salariales des institutions internationales, et pas toujours à tord, on ne peut pas accepter cette déclaration.
L’Afrique a mal à une certaine élite trop repue (lisez la suite pour comprendre) dont la masse corporelle n’empêche pas d’être comme en lévitation sur des peuples miséreux, inconsidérés et méprisés.

« Priorités », « gâteaux » et «politique sociale» de la Bceao
« Les problèmes sont nombreux et leur résolution revêt un caractère prioritaire. Oui ? tout est prioritaire». Cette belle déclaration sonne l’évidence tant il y’a de choses essentielles à faire de toute urgence dans nos pays ! Mais quand on sait que la Bceao construit à coût de milliards des centres de loisirs et de sports dans les pays de l’Uemoa, on comprend très vite que les priorités diffèrent.
A l’ouverture du Centre aéré de Ouagadougou qui a coûté près de 2 milliards de Fcfa, argent public s’il vous plait, Justin Barro, Gouverneur par intérim disait: « La construction du Centre aéré de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest à Ouagadougou s'inscrit dans le cadre de la politique sociale de notre Institution (...) Il s'agit de permettre aux agents, mais également à leurs familles, de disposer d'un cadre propice à la pratique sportive et à la détente (…) Vous conviendrez avec moi que le social n'a pas de prix ». Le social n’a pas de prix ! On en convient bien volontiers. Mais c’est quoi le social ? Est-ce construire un centre de loisir avec l’argent public au coût de l’équivalent de la construction de 200 écoles dans un pays où des centaines de milliers d’enfants ne vont pas à l’école ? Est-ce construire une piscine de près de 27m sur 12m avec l’argent public dans une capitale ou chaque année plusieurs dizaines de milliers de personnes affrontent un véritable casse tête pour avoir de l’eau potable ? Est-ce cela le social « sans prix » ? Sans compter tous ces Ouest-Africains qui meurent de maladies bénignes fautes d’eau potable ?
J’imagine que c’est au nom de cette même « politique sociale » que M. Banny a inauguré le centre aéré du même genre sinon mieux (ou pire, c’est selon) à Dakar en 1995. Un centre de même envergure à été inauguré au Togo, un pays ou des millions de personnes souffrent d’une faillite économique qui dure depuis plus d’une décennie. Nul doute que les autres pays de l’Uemoa, non, précisément les autres fonctionnaires de la Bceao des autres pays, attendent leurs espaces de jeux à construire à coup de milliards avec l’argent public. S’ils ne les ont pas encore eus.
« La politique sociale » de la Bceao que M. Banny a promu pendant 15 ans consiste à offrir aux quelques «4000 fonctionnaires» de toutes les Bceao, des centres de sport pour se dégraisser de leur suralimentation pendant que leurs compatriotes meurent de sous-alimentation. Et cela coute des milliards aux pauvres contribuables Africains? Ce n’est pas grave, c’est le social. Et «le social n’a pas de prix», «vous en conviendrez ». Mais il faut tout de même savoir que ces milliards proviennent des placements des devises tirées de la commercialisation du coton malien, béninois et burkinabé et du cacao ivoirien entre autres. Pendant que les paysannes créatrices de ces richesses meurent en couche faute de maternités équipées ou par manque de poches de sang, que leurs nourrissons meurent par centaines de milliers de paludisme, pendant que les paysans sont dans l’analphabétisme total et que leurs enfants meurent tous les jours dans le Sahara en tentant de fuir cet « enfer » organisé et entretenu par des dirigeants satrapes, la priorité ce sont les centres de loisirs pour quelques uns dans les quartiers cossus, vitrines d’un développement mensonger, vernis d’un mensonge criminel sur l’état réel de nos pays. On devrait en mourir de honte. Mais non. Il semble que ce sont les « salaires élevés » en Afrique qui sont en cause. C’est le cas de le dire: la graine du maigre pauvre nourrit la grasse vache du riche. Et celui-ci a l’incongruité de réclamer davantage d’effort à celui-là. Que les peuples se serrent les reins à se les rompre pour que quelques élites souffrent d’abondance. On est dans l’ignoble.
Mais quand on sait comment notre ex-Gouverneur parle de nos institutions en termes de « cagnotte » et de « gâteau », on comprend qu’il y’ait effectivement des excès alimentaires à délester. Lisez plutôt : «Il faudra alors mettre dans la cagnotte toutes les institutions communautaires. Il n'y a pas que la Bceao, il y ait effectivement aussi la Boad, la Commission de l'Uemoa et bien d'autres institutions que nous avons créées, sous mon mandat et qui ne faisaient pas partie du gâteau à l'époque.» Ces termes de M. Banny ne sont pas qu’anecdotiques. Ils sont révélateurs d’une certaine conception des institutions, pardon des « gâteaux » communautaires. Ramener la vie des institutions les plus importantes de nos pays à des questions de vulgaires partages de gâteaux, c’est dire beaucoup sur la qualité de notre gouvernance.
Et quand on sait ce qui représente la reconnaissance ultime pour M. Banny dans ses 15 ans de gouvernance, on découvre le comble.

Aux cotés de Alen Greenspan : la reconnaissance ultime.
« Au 200ème anniversaire de la Banque de France, nous étions deux gouverneurs d'Afrique noire : mon ami, le Gouverneur de la Reserve Bank d'Afrique du Sud et moi-même. Et j'étais assis à côté de Alan Greenspan alors Gouverneur de la Banque centrale américaine. Y a-t-il meilleure reconnaissance que celle-là ? ». Voici la reconnaissance ultime pour le Gouverneur de la Banque centrale de 80 millions de personnes dont la majorité souffre de toutes sortes de maladies et de privations et dont des milliers de jeunes, chaque jour, au péril de leur vie, récidivent la traversée macabre et humiliante du désert du Sahara et des vagues de la méditerranée. Ce n’est pas la reconnaissance de millions de populations pour service rendu à leurs économies mais la douillette et miroitante place aux cotés de son collègue Alan Greenspan qui fait rêver notre ex-Gouverneur. M. Banny ne nous dit pas s’il a parlé avec M. Greenspan. Encore moins de quoi, ni quelles sont ses appréciations de la conduite de la politique monétaire de la Bceao (s’il connait la Bceao !). La seule place à ses cotés, on imagine pendant quelques heures au mieux (excusez du peu), est une reconnaissance sans pareille décernée au Gouverneur de la Bceao. Bravo au protocole qui a arrangé cela. S’il cherchait une contrepartie, il ne fait aucun doute qu’il l’a certainement obtenue. Car, que ne donnerait-on pas pour la reconnaissance ultime? Je laisse chacun chercher la petite différence qu’il y’a, s’il y’en a une, entre cette situation et celle des rois Africains qui cédaient l’honneur de leur peuple contre de la pacotille . « Y a-t-il meilleure reconnaissance que celle-là ? ». C’est une offense à l’honneur des populations de l’Uemoa. Si M. Banny a lu le livre de son voisin de quelques heures, « Le temps des turbulences », (Greenspan, 2007) il doit comprendre, que la plus grande satisfaction d’un gouverneur de Banque centrale, c’est de voir l’économie de son pays prospérer. Hélas! On est en admiration idolâtre d’une personne au nom de référents étranges.
On comprend alors aisément comment le siège de « notre » Banque centrale est demeuré à Paris, près de 20 ans après les indépendances et qu’il n’a été « totalement » transféré en Afrique qu’en 1978. Comment des économistes Africains se sentaient dans le siège parisien de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest ? La réalité dépasse parfois l’imagination.

Humilité… mais messianisme
« Devant les grands défis du développement, la première attitude qu'il faut avoir, c'est l'humilité. » Belle leçon d’humilité. On est tenté d’applaudir, mais on déchante très vite quand on lit quelques questions plus loin: « Ecoutez, pensez-vous vraiment que, dans l’esprit des Ivoiriens, on va construire la Côte d’Ivoire de demain sans que, d’une manière ou d’une autre, Charles Konan Banny ne dise un mot? Y a-t-il quelqu’un en Côte d’Ivoire, aujourd’hui, qui le pense, vraiment? Pensez-vous que l’on parlera de l’avenir de la Côte d’Ivoire de 2008, 2009...2012, si Dieu nous prête longue vie, sans que Charles Konan Banny, qui a tout de même une certaine expérience et qui est un cadre confirmé de ce pays, qui n’a pas été un piètre Premier ministre, y prenne part? On ne construira pas la Côte d’Ivoire de demain, sans que Charles Konan Banny dise un mot ou soit partie prenante ! Il faut se le tenir pour dit et que cela soit clair pour tous. ». C’est très clair, c’est sentencieux, c’est irrévocable. M. Banny est indispensable à l’avenir de la Côte d’Ivoire. Et « il faut se le tenir pour dit ». C’est peut être même le Rédempteur. Il a l’humilité de ne pas nous appeler à venir nous prosterner devant le messie. Mais tout de même, il le pense si fort que cela s’entend et se comprend mieux que les tournures paraboliques du Christ. Et c’est tout naturellement que M. Banny se plaint de n’être pas consulté pour sa succession. Là encore, la grande humilité veut qu’il ne nous dise pas que c’était à lui que revenait le droit et la clairvoyance de nous dire, tel un monarque omniscient, qui il juge digne de lui succéder.
De telles affirmations sont très graves, voire méprisantes pour les millions d’Ivoiriens et d’Africains. Nos psychologues devraient se pencher sur ces maux, pardon sur ces mots. D’autant plus qu’on se demande où est passé cet égo quand il était assis aux cotés de son illustre voisin d’un jour, le Gouverneur de la Banque centrale américaine. Face à tout un peuple, on se prend pour le messie, quand on est au bord de la lagune Ebrié, on se prend pour le rédempteur irremplaçable, le sauveur indispensable, mais aux cotés d’un homme - fusse-t-il Alen Greenspan, c’est d’abord un homme- on est dans nos petits souliers et on savoure la reconnaissance ultime d’être à ce piédestal. C’est inqualifiable. Au fond on peut en penser deux choses ; l’une triste l’autre plutôt optimiste. La première chose, triste, c’est naturellement la profondeur des abîmes de nos problèmes que cette déclaration traduit. Mais aussi, la 2ème chose, pas si triste celle-là, c’est que c’est normal que jusqu’à présent on ne s’en sorte pas. Tout se tient. La pensée de notre ex-Gouverneur est très cohérente avec la réalité de nos malheurs. Et donc moyennant changement de cela, tout au moins, on ne peut pas tomber plus bas. Sinon qu’on ferrait des progrès révolutionnaires.

Une certaine conception de la Banque centrale
Il faut revenir aussi sur une certaine conception de la Banque centrale chez M. Banny. Pour l’ex-Gouverneur, la Banque centrale « c'est aussi une entreprise de 4000 personnes réparties sur un espace de huit pays ». On passerait volontiers sur ce détail si cela ne faisait pas écho à d’autres déclarations. M. Banny parle bien souvent dans ses discours de «la culture d’entreprise » au sein de la Bceao. Aussi, juge t-il son bilan en terme de bénéfice comme n’importe qu’elle entreprise commerciale et ne comprend pas qu’on lui reproche d’avoir conduit la Banque centrale dans une situation « trop riche ». Il parle des revenus colossaux tirés des réserves de changes avec fierté. C’est là pourtant, un des nombreux points noirs de son bilan. Ces sommes colossales sont oisives quand elles ne servent pas à construire des centres de loisirs pour une minorité. Comment peut-on comprendre la situation d’une Banque centrale qui détient des réserves de plus de 3000 milliards de Fcfa (dont seulement 20% sont requis eu égard aux exigences contractuelles avec le Trésor français) pendant que les populations meurent de maladies bénignes et souffrent d’analphabétisme et que les Etats sont humiliés quotidiennement par des créanciers usuriers et arrogants ? Comment comprendre que dans ces pays, n’importe quel occidental qui débarque avec ses rebus de matériels est accueilli en sauveur pendant que la banque publique croule sous des milliards ? La Bceao n’est pas une entreprise ! Non ! Et « la culture d’entreprise » souvent vantée par ses responsables au premier rang desquels M. Banny, n’est qu’égarement. La Bceao est une banque publique et une institution capitale dont l’action est jugée finalement à l’aune de la santé des économies. Et rien d’autre. Une banque centrale bénéficiaire, ça n’a aucun sens, surtout dans des pays exsangues. Il ne s’agit même pas d’une conception de la banque centrale rattachable à un courant économique. Il s’agit d’une grande méprise de ce qu’est, de façon indiscutable une banque centrale, avant même qu’on en vienne aux divergences à fondements théoriques voire idéologiques.

Quand M. Banny fait son bilan sans « autosatisfaction »
M. Banny revient à plusieurs reprises sur son bilan. « Sans tomber dans la complaisance ou l'autosatisfaction, je peux affirmer que la situation est bonne ». Il «laisse une institution monétaire crédible qui mérite son appellation de Banque centrale », ce que « les observateurs les plus neutres, mais aussi les plus sévères et les plus avertis » reconnaitraient. «Une entreprise monétaire dont les ressources humaines sont de qualité », une Banque centrale à la « situation monétaire et financière bonne » qui « fait partie du « trio gagnant » des Banques centrales en Afrique, et qui a des réserves de changes colossales au point où certains Chefs d’Etat reprochent à M. Banny « d'avoir conduit la Banque centrale dans cette situation : " trop riche "». « Les chiffres sont là pour l'attester : réserves de changes, crédits à l'économie, crédits aux Etats, masse monétaire, fonds propres, etc. pour ne retenir que ces quelques indicateurs monétaires et financiers. »
Observations. D’abord il est curieux que l’ex-Gouverneur, en dressant son bilan ne se réfère pas explicitement aux objectifs assignés à la Bceao. La conduite de la politique monétaire ne vise pas à enrichir la Bceao. Non. La politique monétaire vise « la sauvegarde de la valeur interne et externe » de la monnaie avec en arrière pensée que cela est favorable à la croissance économique. En termes clairs, la Bceao vise la stabilité des prix. Cet objectif unique est fort discutable et même discuté par nombres de spécialistes, surtout pour des pays aussi pauvres que les nôtres. Mais nous n’irons pas à ce stade trop élevé du débat. Pourquoi M. Banny ne juge pas les scores d’inflation enregistrés et leurs conséquences sur les économies? D’ailleurs, vu que la Banque centrale a une « politique sociale », pourquoi ne juge t’on pas cette « politique sociale » à l’aune de la misère des populations ? La vérité, c’est que la Banque centrale poursuit un objectif sur lequel ses principaux instruments n’ont pas une influence déterminante. Une étude de la Bceao elle-même (Doe et Diallo, 1997) montre que les prix dans l’Uemoa sont déterminés davantage par les chocs climatiques que par la politique monétaire. La Bceao s’entête dans une politique exclusive anti-inflationniste (il parait que non, puisse qu’il y’a une politique de loisir, pardon une « politique sociale ») avec des instruments peu efficaces et aux coûts énormes pour les économies. A moins que « les pluies et les criquets » soient sensibles aux mouvements des taux directeurs de la Bceao.
Les instruments de la BCEAO ont très peu d’impact sur les prix. Ils ont des coûts économiques et sociaux énormes. Mais la Banque se paye le luxe de se fixer une cible d’inflation inférieur à l’objectif retenu par l’UEMOA: 2% contre 3%.
Et quand M. Banny parle des crédits à l’économie pour justifier son bilan, il faut savoir que l’un des plus gros problèmes et paradoxes de notre situation aujourd’hui, c’est que nos banques sont surliquides (confère par exemple Saxegaard, 2006) pendant que l’économie meurt de manque d’accès aux crédits et par conséquent d’atonie de l’investissement. Le problème est d’autant plus grave que les remèdes préconisés par les économistes sont très peu exécutés de façon déterminante.
Bien sûr « l’entreprise » fait des bénéfices records. Mais la Banque centrale n’est pas une vulgaire SA aux services de résultats financiers. C’est une aberration préoccupante qu’il faut éviter de brandir comme porte-étendard d’un bilan.
Malgré tout, « les observateurs les plus neutres, mais aussi les plus sévères et les plus avertis » reconnaissent le bilan flatteur de M. Banny. Non, c’est de la rigolade. Il serait trop fastidieux et même impossible de faire ici la somme des critiques d’économistes contre la Bceao et sa politique monétaire dans nos pays. On ne peut donc pas parler de ce reproche de « répression monétaire et financière » (Tchundjang Pouemi, 1980), ni du « piège monétaire » (Monga et Tchatchouang, 1996). Ni de la logique « bureaucratique » et antisociale qui détermine sa politique (N’Guessen, 1996). On ne reviendra pas sur « le déficit incontestable de réflexion endogène ». On retiendra juste que des spécialistes récusent même le terme de Banque centrale à la Bceao. Elle ne serait au fond qu’une caisse, une caisse d’émission. Car on n’a ni le temps ni le loisir de montrer comment la Bceao privilégie une politique de consommation importée au détriment d’un soutien à la production locale, ni encore d’expliquer comment du fait de cette politique d’entêtement suicidaire des millions de producteurs de coton perdent jusqu’à 30% de leurs revenus par suite des seules fluctuations du dollar, précisément à cause de la rigidité de notre politique de change.
Mais la reconnaissance ultime d’avoir été assis aux cotés de Alen Greenspan pendant quelques heures vaut bien tous les bilans et la satisfaction de tous les objectifs statutaires et contrebalance les critiques des spécialistes avertis.

Comment peut-on « sans autosatisfaction » vanter le bilan d’une Banque centrale avec des économies en état aussi lamentable? L’ex-Gouverneur reconnait volontiers les difficultés économiques mais il pointe les autres politiques hors contrôle de la Bceao. Loin de moi l’idée de penser que la Bceao est responsable de tous nos malheurs. Mais tout de même, elle doit en prendre sa part. Jamais auparavant les revendications sur le coût de la vie n’avaient été aussi pressantes et unanimes dans l’Uemoa. Au Bénin, au Burkina, au Niger, au Mali, au Sénégal pour ne parler que de ces pays, l’actualité sociale depuis quelques années grouille de ces questions. Et c’est l’objectif N°1, sinon le seul objectif assigné à notre politique monétaire : la lutte contre l’inflation. On n’est pas contre les « ajouts » subreptices d’objectifs notamment quand ils sont « sociaux », mais ayons le courage de dire que le bilan est un échec en cette matière. Même les statistiques officielles sur l’inflation, pourtant discutables, ne disent pas le contraire. L’inflation est très erratique dans la zone sur les 15 dernières années.
Au fond, si on doit faire le bilan de M. Banny de mémoire de citoyen, on ne peut pas passer sous silence les accusations graves d’enrichissement personnel à hauteur de milliards avec des démentis laconiques et mous et une putative action judiciaire. M. Banny dans son interview pense d’ailleurs qu’il aurait pu ne pas y répondre. C’est le comble. Serait-ce donc possible pour quelqu’un qui a bâti sa vie « sur l’honneur et dans l’honneur » de « ne pas en parler du tout », de ne rien répondre aux journaux internationaux qui l’accusent de choses aussi graves? Non. C’est trop gros ça. Et quand avec humour, il dit : « Les Ivoiriens qui ont beaucoup d’humour, sont même fâchés que je porte plainte», je réponds que ce n’est point drôle et qu’il y’a là outrage à peuple exploité.
On ne peut pas ne pas évoquer les faux billets qui ont causé tant de dommages à nos économies, sans que l’ex-Gouverneur ne s’en explique. Aussi, la grosse polémique qui a entouré les opérations de démonétisation sous M. Banny, avec des accusations d’incurie, est encore fraiche dans les mémoires.
Le braquage des agences de la Bceao en Côte d’Ivoire avec de mise en cause de la Bceao par des personnalités politiques ivoiriennes aujourd’hui aux affaires n’a pas fini de faire des vagues.
Face aux accusations de blanchissement de sommes colossales dans des pays de l’Uemoa on reste interloqué d’entendre nos autorités monétaires vanter leur crédibilité.
Les trafics massifs de devises dans nos pays à la barbe de nos autorités laissent pensifs. L’exemple des valises de devises retrouvées dans l’Atlantique sur les côtes béninoises après le crash d’avion en 2003 est plus qu’édifiant.
Quel rôle la Bceao a-t-elle joué sous M. Banny contre la criminalité financière et la corruption dans nos pays durant ces années d’explosion de ces phénomènes ? On me rétorquera dispositifs juridiques, textes…Bref bla bla bla, aucune réalité tangible.
Le citoyen devrait se poser cette question: combien d’Africains sont morts sans assistance d’une Banque centrale aux caisses pleines, mais plutôt happée dans sa « politique sociale » de construction d’espaces de loisirs pour ces 4000 fonctionnaires à coûts de milliards? Encore une fois, il y’a non assistance aux peuples en détresse, non assistance à populations en agonie.

Et après on en appelle à la confiance. Parlant des fonctionnaires de la Bceao : « Il faut leur faire confiance ; c'est important ! Il faut que les chefs d'Etat leur fassent confiance ». Non je n’ai point confiance. Comment avoir confiance avec de telles incohérences, avec tant d’imprécisions, tant d’inexactitudes? Comment avoir confiance en une telle « politique sociale »? Comment avoir confiance en une telle conception alimentaire des institutions ? Comment avoir confiance en une conception bureaucratique déconnectée des réalités sociales les plus risibles ? Je ne peux avoir confiance en une Institution qui a vécu avec autant d’approximations, d’inexactitudes, avec tant de cécité pendant 15 ans ! 15 ans !
Cette interview a valeur de diagnostic institutionnel de la Bceao. Et le résultat est sans appel. Nos responsables ignorent tout de leur mission et sont engoncés fermement dans des certitudes douteuses et sans fondements scientifiques. Nos Institutions sont des lieux de corporatisme débridé, aveugle et antisocial. Institutionnellement et psychologiquement, la prégnance des scories du passé colonial est encore déterminante.

L’Afrique souffre d’élites en lévitation sur des peuples miséreux et inconsidérés; d’élites engoncées dans des référents extravertis, cramponnées à des sources de légitimation étranges et étrangères à leur peuple, agrippées à des fétichismes obscurantistes brandis comme expertise, rivés sur des horizons d’aliénation sans fin, accrochés à des symboles périmés, empêtrés dans des eaux boueuses d’imaginaires d’un temps révolu.

Révélation. Merci M. Banny
Sans ironie aucune, je veux remercier notre ex-Gouverneur d’une révélation capitale qu’il a faite dans l’interview. La confidence n’est pas quand M. Banny croit nous en faire en nous informant qu’un ancien de la Bceao est aujourd’hui Président du Bénin. Non, ce scoop, s’il a jamais existé, est éventé depuis longtemps. Mais quand il affirme : « Je considérais que nous étions, de plus en plus, en train de récupérer notre indépendance, en gérant nous-mêmes la moitié de nos réserves, comme les autres banques centrales le font » on écarquille les yeux. « Qu’on se le tienne pour dit » nous ne sommes pas indépendants. C’était au fond un secret de polichinelle mais qui devient un scoop quand on sait combien on a diabolisé tous ceux qui ont dénoncé cette situation. Et on est heureux que Banny le reconnaisse. Mieux, il a parlé d’indépendance tout court. Que les saints Thomas se réveillent. Qui mieux que quelqu’un qui a dirigé 15 ans durant notre Banque centrale pour dire la réalité de son indépendance ou précisément de son assujettissement ? Merci M. Banny, cela a valeur de chapitre entier dans vos mémoires, si vous en écrivez comme tous les Gouverneurs crédibles.
Mais on ne comprend pas alors pourquoi notre brave Gouverneur se limite t-il à demander la gestion de la seule moitié de nos réserves de change ? Pourquoi au lieu de revendiquer, pardon de demander la gestion de la totalité des réserves de changes, se limite-t-il à seulement 50% de l’indépendance, près de 50 ans après les indépendances ? Pourquoi ne pas faire « comme les autres banques centrales » ?
A la lecture de cette interview on perd de vue toutes les questions fondamentales qui devraient se poser dans l’indispensable, le pressant et grand débat sur nos institutions et notre politique monétaire. Oui, on est trop loin des impératifs de la grande réforme monétaire et financière dans nos pays. En préalable, reconquérir notre indépendance monétaire et financière, nous sortir de ces accords d’une autre époque. Et aucune mauvaise langue ne peut plus nier cela. M. Banny qui est sans doute le plus conservateur sur ces questions, nous le recommande. Il ne s’agit pas de rafistolages paternalistes, ni de fuites en avant irresponsables, encore moins de ménager des intérêts mafieux. Il s’agit de pulvériser tout ça.
Ensuite, comment mobiliser, de façon intelligente, précautionneuse et déterminée, toutes nos institutions monétaires et financières, jusqu’à la plus petite, l’ensemble de nos outils financier, la totalité de nos instruments monétaires, la totalité de nos moyens financiers, jusqu’aux plus modestes, au service du seul progrès économique et social dans nos pays ?
Comment, sans retomber dans l’incurie financière de la décennie 1980, se sortir des pratiques aberrantes et assassines actuelles?
Comment dépasser les misérabilismes et les ambitions naines et rêver de peuples bien nourris, bien soignés, bien formés et respectés parce que leurs apports à l’humanité sont connus, reconnus, et valorisés ? Par exemple audela des micro-crédits pour gérer des états de misère, aller aux macro-crédits pour bâtir des économies ambitieuses capables de donner des emplois à des millions de personnes.
Facile à dire mais périlleux à mettre en œuvre, dirait-on. Mais c’est ce qui rend les questions monétaires et financières sérieuses, attirantes et passionnantes. Le développement est une tâche périlleuse ! Et Fanon nous dit que nous devons y contribuer tous, et même « musculairement ».
Ces questions sont malheureusement trop inaccessibles, pardon, plutôt n’arrivent pas à accéder à beaucoup d’élites africaines.

Pour finir, je partage cette histoire. Il semble que nous la devons à Julius Nyerere qui la racontait souvent. C’est celle des retrouvailles de deux amis d’enfance après plusieurs années. Après les embrassades enthousiastes, l’un tout chétif et affaibli de famine, demande à l’autre tout rondelet et transpirant l’abondance : « Il semble que vous n’ayez aucun problème alimentaire dans votre village ? » Et l’autre de confirmez : « naturellement, chez moi, même les chiens ne mangent pas les restes ». Le premier renchérit : « chez moi c’est la famine et nous ne savons pas comment nous en tirez, nous voyons tous les jours la mort faucher les nôtres ». Ils se rendirent ensemble dans le village prospère qui était très éloigné. Là, notre premier ami s’empiffra gloutonnement et après quelques jours, il dû rejoindre son village. Quand tout le village affamé appris l’histoire, il le mandata de repartir chercher à manger chez son ami. Non sans auparavant lui remettre tous les fonds de greniers pour se sustenter durant le long trajet, convaincu qu’il rapporterait à manger pour tous. Notre ami retrouva après une très longue route, le même accueil chaleureux précédent. Il se gava encore plus. Resta un jour de plus, 2 jours de plus, 3 …toujours. Il n’est plus jamais retourné chez les siens. Et Nyerere conclut : c’est ça le comportement des « intellectuels » en Afrique. Ils vivent de la misère de nos braves populations à qui ils sont redevables à tout point de vue.

Ra-Sablga Seydou OUEDRAOGO, Doctorant en économie.
seylams@yahoo.fr
Quelques références auxquelles le texte à fait allusion :
Doe, L. et Diallo, M.L., 1997, « Déterminants empiriques de l’inflation dans l’Uemoa », Notes d’Information et Statistiques, Bceao.
Monga, C. et Tchatchoung, J.C., 1996, « Sortir du piège monétaire », Paris, Economica.
N’Guessan, T., 1996, « Gouvernance et politique monétaire :à qui profitent le banques centrales de la zone franc ? », Paris, Harmattan.
Nubukpo Kako : « l’efficacité de la politique monétaire en situation de l’extraversion : le cas de l’UEMOA », The European Journal of Development Research, septembre 2007
Tchundjang Pouemi, J., 1997, « Monnaie servitude et liberté : la repression monétaire de l’Afrique», Ed Menaibuc, 2ème écition.
Saxegaad, M., 2006: “Excess Liquidity and Effectiveness of Monetary Policy: Evidence from Sub-Saharan Africa”, IMF Working Paper.

1 commentaire:

david santos a dit…

Bonsoir Djeliba.
Great work, merci.
Have a good weekend